
Oui, mais voilà : je n'ai jamais fait de bande-dessinée à ce niveau-là, gribouillant habituellement dans mon coin ou pour un petit fanzine que nous animions avec quelques copains. Et, tant qu'à faire, il ne reste alors plus que trois textes de Brassens disponibles pour cet album qui doit couvrir la période 1952-1955 du poète-chanteur, et quinze jours de travail... de nuit. En effet, la bande-dessinée a beau être une passion pour laquelle je finirai par donner un poumon, ce n'est pas mon métier.
Il s'agit d'une libre adaptation de la chanson Je me suis fait tout petit, puisque c'est sur elle que j'avais donc jeté mon dévolu. Je ne souhaitais pas y faire apparaître le grand Georges ou, du moins, utiliser son image comme caution morale au simple prétexte que j'avais l'immense privilège d'illustrer un de ses textes. Comme il chausse beaucoup plus grand que moi, le bougre, il était inconvenant et ridicule de chercher à me glisser dans ses habits, fussent-ils taillés dans ces trois pages. Tant que l'amour des monuments historiques n'oblige personne à entrer dans les ordres pour visiter Notre-Dame, la moindre des choses était encore de maintenir une distance respectable, dans tous les sens du terme (et de fait), entre le géant qu'il est et le puceron que je suis.
Néanmoins, pendant tout le temps qu'a duré l'élaboration des trois planches, j'ai toujours eu l'étrange impression d'être observé... voire surveillé. Cool, Georges, cool...
"Je me suis fait tout petit", in Brassens (album collectif), éditions Vents d'Ouest