
L'immeuble est bien visible au cœur de la ville, en partie grâce à cette démesure ornementale, ou à cause d'elle. Situé juste derrière le théâtre, on peut le soupçonner d'en avoir profité pour tirer opportunément à lui la couverture d'un mélodrame architectural au-delà des coulisses. L'entrée en scène des hommes-troncs, surpris au sortir de la douche dans une pantomime un poil démonstrative, s'est arrêtée pour toujours sur cet inévitable point d'orgue : les héros parviendront-ils encore longtemps à supporter le poids de l'édifice et celui des ans ?

On ne lève plus les yeux depuis longtemps pour contempler la vaine bravoure des atlantes et rire par avance du moment où une crampe finira bien par surprendre l'un d'eux, une mouche leur chatouiller le nez.
Il n'y a plus de phare désormais au quatrième étage, sa lumière ayant quitté la ville, portée par un vent de sud-est vers d'autres horizons. Où qu'elle se trouve, elle illumine encore et fait briller, comme elle l'a toujours fait, quiconque s'avance vers elle et qu'elle emplit de sa chaleur.
Acrylique aquarellée sur papier, 37.5x52 cm
Watered acrylic on paper, 14"76x20"47
2 commentaires:
En plus d'un dessin très fouillé, le commentaire est d'une rare puissance narrative. Quel talent !
Charmée par le dessin et le verbe, comme toujours!
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