lundi 30 août 2010

Arletty (part. I)

ArlettyParce que le cinéma était sa famille, Arletty éprouvait une certaine tendresse pour quelque film de celui qu'elle considérait peut-être comme son oncle, un Carné (le pied !), où de jolis maux de près, verts de loin, glissaient dans sa voix haute en couleurs et plus fleurie qu'un frac au soleil de Paname.

Après bien des tentatives, le plantigrade en moi sait qu'entêtement et insatisfaction seront toujours les vices si tard du soir. L'écho débile, en temps dû, me répète "enfin, ce visage l'ai-je ?". L'ours se lève alors, convaincu au matin que ce sera pour une prochaine fois. Espérons néanmoins que j'y laisse un fond de paradis même petit. Juste un fond.

Arletty - Stylo bille sur papier
Arletty - Ballpoint pen on paper

11 commentaires:

Maëster a dit…

Comme je l'écrivais précédemment, la Sagesse est l'apprentissage de la patience, mais l'Art l'est-il ? (ou l'Art l'est-y, comme aurait dit cette gouailleuse)

J'aime pour ma part, outre le velouté de ton trait toujours d'une exquise délicatesse, l'ombre du soupçon d'un sourire au coin de ses lèvres et ce regard pas dupe.

J'admire ton perfectionnisme et ta persévérance (mais ne sois pas trop un pair "sévère"), mais je sais qu'à trop travailler sur un visage, on y perd parfois la ressemblance du premier jet.

Il faut laisser le temps à la caricature de se faire sans en faire trop ; "A trop s' faire, à trop s' faire, est-ce que j'ai une gueule à trop se faire ?"

FreZ a dit…

Tu peux toujours nous laisser dans l'atmosphère (@mos.fer ?) quand toi, tu évolues dans la stratosphère depuis longtemps :)

Quand Arles étire ses draps, que Scarlett y lâche de raides baisers que le vent emporte, que la radio parle et tire des conclusions sur la marche du monde et que Johnny taquine, de son braquemart, Lætitia, toi, l'homme aux papilles sensibles, et laissant l'art les titiller, tu nous croques Arletty d'un vorace appétit, nous laissant pantois.

Poussinaute a dit…

Tes dessins, cher Thierry, sont d'une efficacité redoutable. Et on en redemande...

Unknown a dit…

Ta poésie visuelle et ta prose sont un régal et un hommage de haute qualité pour ce temps que les "jeun's" de 20 ans ne peuvent pas connaître (sauf en louant quelques DVD ou en passant régulièrement sur ton blog).
Ta lumière crue qui efface des détails pour mieux nous laisser les deviner et la douceur de certaines de tes nuances de gris sont vraiment remarquable.

BOD a dit…

Comme pour Marlène et Danielle, la lumière blanche sur ce visage, en concordance totale avec l'éclairage parfois outrancier des films de cette époque, m'incite à t'acclamer doublement, n'est-il pas deux fois plus difficile en effet de rendre une telle ressemblance avec aussi peu de traits ? Tout est ici suggéré, tout est finesse, tout n'est que luxe, calme et volupté, ah! la belle invitation au voyage, dans le rêve et dans le temps...

Emma a dit…

Que c'est joli!
Bravo!

galien a dit…

Quelle douceur dans ce trait, quel raffinement, il semble à la fois simple, et pourtant si complexe.
Nul doute que pour en arriver là il en faut des doutes et du travail. Enfin, il faut savoir aussi écouter les regards extérieurs, et là crois nous c'est très beau !

GRAND a dit…

Magnifique!!
Quelle finesse, quelle douceur, quelle délicatesse, quel travail!
Tu vas tellement chercher au plus profond dans tes caricatures qu'elles en deviennent "vivantes". C'est un vrai bonheur, bravo, Thierry!!

Denis a dit…

Que dire de plus ? Encore un dessin qui frise la perfection, tant au niveau du traité (nuances de gris) qu'au niveau de la déformation du visage.
Et l'expression est tout aussi réussie, avec ce sourire en coin et ce regard... Je ne trouve plus les mots mais j'admire.

patrick mate a dit…

J'aime vraiment beaucoup!.Encore bravo et merci de partager avec nous tous ces fantastique portraits .

Thierry COQUELET a dit…

Maëster > L'impression d'avoir dessiné un sosie d'Arletty est bien là. On la reconnaît grâce ou à cause de l'allure générale, l'ambiance lumineuse caractéristique de cette époque du cinéma, l'expression du visage, le maquillage, la guirlande d'accroche-cœurs de la coiffure..., bref une somme d'indices visuels convergeant dans cette direction-là.
Mettons que le visage soit vraisemblable, comme une comédienne incarnant Arletty le serait sans doute après avoir été apprêtée, coiffée et maquillée pour l'occasion. Vraisemblable, certes, mais pas ressemblant.
Je te remercie beaucoup pour tes encouragements, cher Maëster. Et, comme tu le dis si justement : laissons du temps...

FreZ > Quoiqu'un peu rose, ta prose très peu rosse me brosse sans même un reproche alors qu'il y aurait pourtant de quoi.

Poussinaute > En dessin, c'est surtout ma patience qui peut être redoutable (ce qui ne révèle aucun soupçon de sagesse pour autant). Quant à l'efficacité, c'est une notion que j'ai malheureusement autant de mal à saisir qu'un savon mouillé, tandis qu'elle me paraît évidente chez les autres.

Guillaume > Tant qu'à effacer les détails, il faudrait aller jusqu'au bout de cette pensée : finir par tout effacer et recommencer le dessin. J'y songe.

Bodard > Cette lumière est aussi remarquable sur écran qu'elle est terrible à dessiner car elle nimbe les visages, atténuant les contours et rendant la peau laiteuse. Les chefs opérateurs d'alors avaient un talent phénoménal qu'il est bien difficile de restituer aujourd'hui avec un stylo bille. En effet, je ne suis pas encore parvenu à pousser plus loin les gris vers le blanc pour jouer sur une gamme de nuances plus pâles encore (il serait possible d'y parvenir à la condition de changer complètement de format de dessin).

Emma > Merci beaucoup, et soyez la bienvenue !

Galien > J'écoute bien les regards extérieurs, cher Galien, et je peux t'assurer qu'ils me sont précieux, mais je vois aussi d'une oreille intérieure que bien des choses clochent dans ce dessin. Pour être plus précis, j'ai en tête une caricature d'Arletty que je ne suis pas encore parvenu à atteindre ici, car elle est restée mouvante au moment de la coucher sur le papier (certains traits du visage prenaient alternativement plus d'importance que d'autres et inversement). Il aurait juste fallu que je laisse les croquis reposer un peu plus avant d'entreprendre une épreuve plus aboutie (épreuve est d'ailleurs rétrospectivement le mot qui convient le mieux).

Grand > Apporter un peu de bonheur avec mes dessins est un compliment qui me touche vraiment, autant que ta bienveillance. Mais, en matière de bonheur, ton Willy DeVille est un exemple du genre que je retourne goûter de ce pas.

Denis > La frange de cheveux, sur le dessin, frise sans doute bien plus que la perfection à laquelle tu fais si gentiment allusion. Merci néanmoins pour ton commentaire que je prends comme un encouragement.

Patrick > Thank you very much, dear Patrick. This compliment coming from such an artist like you touches me a lot.